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La Baie Rouge : une réquisition légitime

Le 10 février s'ouvre le premier procès des occupant.e.s de la Baie Rouge (un autre suivra le 13 mai).
Leur crime : avoir réquisitionné un bâtiment vide pour se loger, héberger d'autres personnes précaires et ouvrir un espace d'organisation politique, sociale et solidaire. Qu'est ce qui est le plus contraire aux droits humains ? Laisser des logements vides pendant des années, ou bien les ouvrir aux personnes qui en ont besoin ? Pour nous, personnes impliquées dans la vie sociale, artistique, politique et solidaire de Saint-Brieuc, la réponse est claire. Nous soutenons cette réquisition que nous considérons légitime.

En effet, à Saint-Brieuc comme ailleurs, tous les soirs, des personnes dorment dehors : jeunes mineur.e.s ou majeur.e.s, personnes seules ou familles, français ou étrangers... Pourtant, des loge- ments il y en a. L'agglomération compte 4.000 logements vacants. Près d'un logement sur 5 dans le centre ville est vide et 40% le sont depuis plus de 5 ans.

Sachant cela, les autorités auraient pu laisser le collectif de la Baie Rouge continuer son action. Ellesont fait le choix inverse et ont tenté d'expulser les occupant.e.s coûte que coûte, en pleine trêve hivernale, sans attendre de décision de justice : portes d'entrées de l'immeuble défoncées puis condamnées électricité coupée, interventions policières musclées et arrestations, intimidation des soutiens, fermeture de 5 des 6 appartements de l'immeuble... Nous dénonçons cet acharnement et souhaitons que les pouvoirs publics laissent vivre la Baie rouge. Plutôt que d'entraver cet élan de solidarité, nous préférons qu'ils dépensent leur énergie et notre argent à répondre au scandale du mal-logement en particulier, et à l'urgence écologique et sociale en général.

D'autant plus que les solutions existent. Droit de réquisition, droit de préemption, augmentation du nombre de place en foyers et en centre d'accueil... Nombreux sont les outils dont les autorités pour- raient user pour proposer un toit à tout.e.s celles et ceux qui en ont besoin. Que ces solutions soient mises en œuvre plutôt que de réprimer les personnes qui œuvrent concrètement pour défendre le droit constitutionnel à une vie digne.

Signataires :

Adeline Routier, militante Pcf Alain Le Fol, Lutte Ouvrière Amelie Martin, militante Pcf/Cgt Alain Le Flohic

Annie Lucas
Babeth SokeL , membre d'amnesty de Saint-Brieuc et citoyenne Brigitte Flouzat, membre de Cimade 22
Christine Avenel
Christine Hamon-Rondo
Claudine Adam, Membres de l'association CAJMA 22
Collectif de Vigilance Antifasciste 22
Danièle Plouzennec
Elisabeth Le Troquer, membre d'Amnesty International Emmanuel de Bressy
Enora Bihan, SNUipp-FSU 22
Ensemble!22
Georges Samson
Gilles Chavin-Collin, Président de l'ASTI
Guillaume Hamon

Hervé Philippe, Membres de l'association CAJMA 22 Isabelle Morisot, Insoumise
Jean-Claude Barbier
Jeanne Marie Greffet

Jean Tanguy
Joël Greffet
Juliana Pidoux, vice-présidente CAJMA 22
L'Assemblée populaire, liste pour les Municipales 2020 à Saint-Brieuc
Le bistrot du monde
Les Insoumis de Saint-Brieuc et alentours
Luc Jacob, citoyen
Lutte Ouvrière 22
Marie Lebret, citoyenne briochine et membre de l'ASTI
Marie-Noëlle Tanguy
Marion Dupe
Marylène Dubourg, membre d'Utopia 56
Nous toutes 22
Pierre Bron, Membre d'Amnesty international, de la Ligue des Droits de l'Homme et de CAJMA22 Serge Le Quéau, Union syndicale Solidaires des Côtes d'Armor
Union syndicale Solidaires des Côtes d'Armor
Utopia 56 de St Brieuc

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À Saint-Brieuc comme partout,
c’est de l’enfer des pauvres
qu’est fait le paradis des riches

 

 

Inventaire.

 

Une ancienne Caisse d’Allocations Familiales promise à la résurrection comme «start-up hôtel»

12 caractères d’imprimerie géants pour «marquer l’attachement identitaire à Saint-Brieuc»

(Comme à Amsterdam)

Deux vallées dont une sera un jour le Central Park 

(Comme à New York)

Une gare

Un parvis de la gare

Des caméras de vidéosurveillances

(Comme dans le Loft) (Comme partout)

Des immeubles qui pèlent - Des plantes aux fenêtres - Des orties aux balcons - Des chardons en friches

Un Monoprix qui s’effondre

Des milliers d’étourneaux

92 places d’hébergement disponibles au 115

Une Maison du Peuple

Une Maison du Peuple Provisoire

Une cathédrale une préfecture deux Pôles Emploi un pôle funéraire

Des magasins déserts et des vigiles qui s’ennuient

 

 

 

 

« On a besoin de vous pour dire combien cette ville est belle, que s’arrête ce Saint-Brieuc bashing. » Corentin Poilbout

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Peut-être l’avez-vous remarqué, depuis quelques temps, un nouvel élément de langage a fait son apparition dans les plans de com de l’agglo: le Saint-Brieuc bashing. Un anglicisme pour désigner le dénigrement de la cité briochine. 

Ce n’est pas anodin : l’emploi de ce terme permet une opération de pensée. Son but est de mettre dans le même sac la critique (justifiée) et le dénigrement (maladif). Et de discréditer toute contradiction puisque le dénigrement n’est que du bashing, un terme né dans le monde des réseaux sociaux et désignant un déferlement de propos négatifs ou insultants. 

 

Le modèle idéologique derrière est simpliste : les gens ne formuleraient pas des pensées critiques, ils seraient juste méchants.

Seconde conséquence : plus ça va mal, moins il faudrait que les gens se plaignent. 

Cela illustre bien l’espèce de «pensée positive» dont toute l’organisation sociale est fanatique en ce moment. Or, nous qui rédigeons ce texte ne pensons qu’il est si facile de déguiser ainsi les choses... 

Une agglomération malade du capitalisme ?

 

Oui, peut-être que toutes les villes sont un peu moches, ce n’est pas vraiment le problème, ça reste effectivement à l’appréciation de chacun.e. Saint-Brieuc ne déroge pas à la règle. On peut être sensible à l’architecture néo-bretonne, on peut trouver qu’elle fait un peu pierre tombale. On peut s’amuser des viaducs et des embouteillages, on peut se faire les mollets dans les côtes, les grimper avec ardeur et trouver ça chouette. On peut se dire que ce sera une ville difficile à gentrifier. Certains jours, le ciel gris au dessus des plages pourries d’algues vertes nous font enrager. Le lendemain, un tag fleuri aperçu le long d’un mur peut nous rasséréner quelques instants. Le rapport que l’on a à sa propre ville est riche de toutes ces contradictions, de tous ces moments. Parfois c’est intenable et l’on déménage. Mais, puisque l’on vit bien quelque part, les raisons de se révolter contre la manière dont la ville est gérée sont plus profondes qu’un coup de bashing.

Le chômage structurel, le prix des loyers, le manque de centres d’accueil et les nuisances industrielles ont des causes identifiables et identifiées. Le territoire a une histoire humaine. Devenue préfecture presque par accident, puis marquée par le développement d’une culture ouvrière, l’agglomération briochine en suit désormais le reflux, après avoir délibérément fait jouer les immenses zones commerciales contre les petits centres urbains. Le « problème des logements vides » à Saint-Brieuc ce n’est pas une fatalité, c’est le capitalisme. 

D’ailleurs, ne peut-on pas lire dans le journal Ma Ville : « Le marché de l’immobilier se porte bien dans les Côtes-d’Armor. Les notaires ont connu une belle activité en 2019 avec des volumes de vente en progression : +6 % pour les maisons, + 21 % pour les appartements. » ? 

 

 

 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Tout pour tous.tes

 

Face à cela, en janvier, un collectif réquisitionne un bâtiment. Un seul, pourrait-on dire. Ce n’est pas grand-chose dans une ville où 1 logement sur 5, selon la mairie, est vide. Pourtant, c’est un acte retentissant. Ouest-France, Le Télégramme et le Penthièvre y consacrent parfois plusieurs articles par jour. Cependant, si la portée symbolique est forte, l’ouverture du 20 rue Abbé Vallée est aussi une très intéressante projection dans l’avenir : si tant d’idées germent à propos de l’usage d’un bâtiment de deux étages, qu’est-ce qu’il serait possible de faire en réquisitionnant d’autres logements vides ?

 

C’est bien pour cette raison qu’une seule réquisition, pour la municipalité, c’est déjà trop. La politique, en ce moment, c’est de tuer l’espoir. L’espoir d’une retraite décente, d’une vie sereine, d’une protection sociale, d’une sortie du capitalisme. Rien d’étonnant de la part d’un gouvernement qui essaie de noyer la contestation politique sous des éléments de langage et préfère mutiler que de laisser manifester. La déclinaison locale de la politique macroniste, c’est d’envoyer la police, les huissiers, d’engager des procédures fallacieuses et de réquisitionner des agents municipaux pour murer chaque appartement d’un bâtiment. 

 

Le message est clair : il ne se passe rien ici. Retournez au travail. Ou retournez chercher du travail.

 

Malheureusement pour eux, il va y avoir beaucoup de parpaings à poser car la ville, comme chacun.e peut le constater, est farcie d’espaces vacants.

 

(À noter, avec bonheur, que depuis la rédaction de ce texte, un second espace a été libéré en plein centre-ville, nommé « OUPS ». Il ne tient qu'à nous de faire de 2020 l'année du squat à Saint-Brieuc!)

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